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Toit, toi, mon TROYES
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Toit, toi, mon TROYES
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28 mai 2012

Musée Art Moderne Troyes 2012

Nouvelles acquisitions du musée.

Maurice Marinot 1906.

achat

Elle dit qu'elle tient mes talents en réserve pour la campagne, où elle se trouve moins entourée et où nous devons aller dans deux mois. J'aspire beaucoup à cette campagne, car ici la vie physique est par trop supprimée. Et puis cette bonne marquise a l'habitude de vivre dans une température de Sénégal; en outre elle se couvre de parfums, et son appartement est rempli des fleurs les plus violentes; c'est fort beau à voir, mais l'absence d'air rend cela bien dur à respirer.

Par dessus le marché, il faut être oisive comme elle. J'ai essayé dans le commencement de broder à ses cotés; j'ai vu bien vite que cela lui portait sur les nerfs. Elle me demandait si j'étais à la journée, si ce que je faisais était bien pressé, bien utile, et elle me dérangeait dix fois sans autre motif que celui de voir abandonner cet ouvrage qui l'agaçait. Et j'ai du y renoncer, elle en serait tombée malade. Elle m'en a su gré, et afin de m'oter le droit de faire un nouvel essai, elle m'a dit sa façon de penser naïvement. Elle prétend que les femmes qui occupent leurs mains et leurs yeux à ces travaux d'aiguilles y mettent beaucoup plus de leur esprit qu'elles ne veulent l'avouer à elles-mêmes. C'est, selon elle, une façon de s'abrutir pour se soustraire à l'ennui d'exister. Elle ne comprend cela que pour les malheureuses et les prisonnières. Et puis elle m'a doré la pilule  en ajoutant que cela me donnait l'air d'une femme de chambre, et qu'elle voulait que pour tous les gens qu'elle reçoit je fusse sa compagne et son amie. Elle me pousse donc à la causerie et m'interpelle souvent pour me forcer à montrer mon esprit, ce que je garde bien de faire ...

Extrait du Marquis de Villemer, chapitre III, George SAND, 1859.

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