Aujourd'hui je suis gelée,
mais ravie, satisfaite, comblée comme au premier jour.
N.B : j'ai demandé pour Noël "Le dernier amour de George Sand" d' Evelyne Bloch-Dano, je crains de ne craquer avant si personne ne se manifeste.
Œuvre parut en 1867, œuvre que je qualifierai de mature, George Sand écrit alors depuis presque 40 ans. Notre ami George, me disait que j’aurai du commencer par M. Sylvestre(1866), certes mais il était trop tard, la lecture était à sa première partie, et je la dévorais à mon rythme, certes, George en est au TGV, quand je ne suis qu’à la vapeur. Ce livre n’a pas de chapitre, c’est rare chez Sand pour être souligné. Je le diviserai en trois parties : l’éducation, la passion, la dévotion. (Mots quelque peu inappropriés de prime abord).
Dans un premier temps, M. Sylvestre arrive d’une autre vie, il a cinquante ans, dans un village suisse où il rencontre les Morgeron. Ils ont besoin de conseils pour enrichir leurs terres en contrebas d’un glacier. Il se laisse convaincre et apporte toute sa science contre le gite et le couvert. Mais c’est avant tout un philosophe, il a besoin de réfléchir sur les personnes, de s’en enrichir, une aide précieuse pour une famille. Le vieux Morgeron, sa fille Félicie, et « son fils adoptif : Tonino » s’instruisent tour à tour de cet étranger. Bientôt les anciens partent, le père de Tonino, le vieux Morgeron, les jeunes se marient.
Beaucoup de passages préférés : Valeurs, et Transmission …\ …
Mais les mariages atypiques de la deuxième partie de l’œuvre son sujet à double réflexion. Sylvestre tient la promesse faite, ne voulant pas tirer les bénéfices des travaux commencés qui devraient bientôt rendre la famille aisée, il se marie avec Félicie. Cette dernière souffre d’une erreur de jeunesse et accepte ce compromis avec cet homme plus âgé qu’elle. Quant à Tonino, l’immature, l’inconscient, « le fils recueilli», qu’il faut éduquer pour le transformer en être libre, il prend pour épouse une jeune chevrière innocente, Félicie les installe dans les hauteurs voisines. De cette jeunesse et de l’amour naissent rapidement deux enfants. Tonino, écoute les conseils bienfaisants de Sylvestre pour s’enrichir.
Beaucoup de passages préférés : Génie, générosité …\ …
Et donc bientôt, la boucle se referme, et par les erreurs du passé qui ressurgissent. Tonino a toujours eu des sentiments pour sa
mère adoptive, la passion, l’innocence, la perversité, les regards et les gestes « incestueux » devinés dans la première partie par M. Sylvestre deviennent une évidence pour lui. Un jour, Sixte More, lui aussi épris de Félicie, par jalousie profonde décide de
lui révéler le secret des rencontres entre Félicie et Tonino. Blessé par les actes de sa femme, le philosophe endurci, étudie avec calme et détermination, cette meurtrissure soudaine.
Beaucoup de passages préférés : Travail, sur soi-même …\ …
J’ai beaucoup aimé « le Dernier Amour », tout d’abord car, il est très bien construit, travaillé, il ne s’agit pas ici de maintes descriptions de nature, de paysage, de botanique souvent trouvées dans les autres romans que j’ai tout autant appréciés. Tous les précédents m’ont permis de reprendre doucement le gout de la lecture que j’avais délaissée pour la broderie et autres aléas. C’est, je crois, dans les 17 livres lus depuis le début du challenge, celui qui est écrit par Sand, en tant que spectatrice d’elle-même et sous les traits d’un narrateur masculin, elle se met dans la peau du personnage de M. Sylvestre. Une femme peut-elle penser, philosopher comme le ferait le sexe masculin ? Elle remet en scène les propres personnages de ces romans comme Jacques (que je n’ai pas lu), (p259). Je devrais d’ailleurs relire ce livre pour toute la philosophie. Le personnage de M. Sylvestre est remarquable. Il est le fruit de tout le travail intellectuel, moral, fraternel du XIXème siècle. On pense aussi à la doctrine des saint-simonismes, que j’ai essayé d’étudier avec l’ascension d’un personnage auxerrois qui m’est cher. Dans le début de commentaire, je parlais de mots inappropriés : une éducation certes bien tardive, une éducation frustrée qui même à l’échec ; une passion dépeinte mais discrète, sensible, et qui parait si forte au-delà de la raison ; une dévotion aux êtres avant tout, mystique parfois, la reconquête impossible de l’être trompé me parut si vivante.
Toujours chez Sand, le mariage composé, ici l’adultère.
Mais jusqu’où l’Homme peut-il pardonné, quand il est blessé dans sa chair ?
Avec 17 romans lus de Sand tu as dépassé le stade de la machine à vapeur